Exposition à Fontfroide
« ( je désire suggérer qu’ici et ailleurs tout se tient ) » – Sofia lautrec
Du 18 septembre au 30 novembre 2025
Art contemporain – Exposition visible dans le cadre de la visite de l’abbaye
En partenariat avec le MO.CO.
Sofia Lautrec expose à Fontfroide
Née en 1997 à Montpellier, Sofia Lautrec vit et travaille à Paris. Après des études de cinéma, elle poursuit sa formation aux Beaux-Arts de Montpellier (MO.CO.ESBA) tout en obtenant une licence de Lettres Modernes. Sa pratique artistique, à la croisée de l’écriture, de la sculpture et de la poésie, explore la matérialité du langage et sa transposition en formes sensibles. Verre, plomb ou terre deviennent supports d’une recherche alchimique où le mot se fait matière, entre éruption volcanique et souffle poétique. Elle compose ainsi un univers singulier, à la fois tactile et narratif, où chaque œuvre interroge les liens entre corps, langage et éléments.
Dans le cadre de sa résidence de recherche et de création à l’Abbaye de Fontfroide, en partenariat avec le MO.CO., Sofia Lautrec explore les pierres du monument comme des archives sensibles et résonnantes. Celles qui fondent les murs, ornent les chapiteaux ou jalonnent les jardins deviennent les supports d’une enquête géologique, historique et poétique, où s’enchevêtrent mémoire matérielle, écriture et transmission. En travaillant le verre, le plomb, les sédiments ou encore les minéraux, l’artiste interroge la capacité de la matière à enregistrer et restituer des récits, à l’image des « écritures minérales » évoquées par Roger Caillois. Son intervention s’inscrit dans l’histoire stratifiée de l’Abbaye, entre héritage cistercien et geste moderniste, et convoque en creux la figure de Gustave Fayet, dont la vision transdisciplinaire continue d’habiter les lieux. À travers un parcours d’installations sculpturales et photographies, Sofia Lautrec donne forme à une écriture rocheuse, où le langage s’ancre dans la matière.
Le titre de l’exposition, extrait des Récurrences dérobées de Roger Caillois, agit comme un seuil : il fait émerger l’idée que « tout se tient », et que l’ici contient déjà l’ailleurs. Il renvoie aux expériences du physicien Chladni à la fin du XVIIIᵉ siècle, dont les recherches acoustiques révélèrent dans la poussière minérale des figures singulières — comme si la matière pouvait vibrer jusqu’à dévoiler son origine cosmique. En écho à cette approche scientifique et poétique du monde, Sofia Lautrec développe une langue transmutée, où le mot devient verre, le souffle devient forme, et le poème s’incarne dans le minéral. Ses installations activent une topographie sensible, où chaque geste, chaque fragment, chaque tension entre le dense et l’évanescent participe d’un récit contemporain. À Fontfroide, là où les pierres gardent la mémoire du temps, l’artiste prolonge une réflexion sur la manière dont la création peut révéler, par la matière, des géographies secrètes et des récits partagés, entre visible et invisible.